Novembre 2012
Au printemps, lorsque vos colonies sont en pleine expansion, puis jusqu’en juillet, la fin de la période de fécondation des reines, vous pouvez produire des essaims. Il est conseillé de produire ces essaims, puisque naturellement, la colonie va essaimer au minimum une fois par an. C’est son moyen de reproduction. Autrement dit : soit vous produisez vos essaims et renouvelez votre cheptel, soit l’essaim partira de toutes façons, et il sera perdu pour vous.
Autre bonne raison, une colonie avec une reine trop âgée sera plus susceptible d’être improductive, ou de développer des maladies. Il est donc nécessaire de renouveler les reines, la formation d’essaims est un moyen simple de le faire. On peut compter sur un remérage autonome de la colonie, mais cela ne fonctionne pas toujours et c’est donc risqué.
Quelques indices vont vous permettre de choisir les ruches sur lesquelles vous pourrez prélever vos essaims.
Si la colonie produit des cellules royales, il est urgent de prélever un essaim, sans quoi il va partir très rapidement. Plusieurs techniques existent. Sans en faire la liste exhaustive, en voici quelques unes.
La méthode classique est de prélever deux cadres de couvain, en faisant bien attention à ne pas prélever la reine. Sur vos deux cadres de couvain, un peut être operculé, mais le plus important est d’y mettre un cadre de couvain jeune, avec des œufs et de jeunes larves de moins de trois jours. C’est à partir de ces larves que les abeilles vont élever la nouvelle reine. Après avoir disposé vos cadres de couvain dans votre ruche ou ruchette, ajoutez un ou deux cadres de nourriture (miel et pollen). Vous pouvez vous en passer et choisir de nourrir artificiellement au sirop, mais ce nourrissement sera évidemment moins naturel.
Il vous faudra aussi un paquet d’abeilles, au minimum l’équivalent des deux cadres couverts d’abeilles. Ce sont ces nourrices qui vont élever votre couvain et votre reine, elles ne doivent pas manquer. Dans la ruche sur laquelle on a prélevé les cadres, on regroupera les cadres de couvain au centre, et de chaque côté de ce couvain, on mettra des cadres de cire gaufrée, puis en rive la nourriture. Si la ruche est vraiment très active, on pourra se permettre d’insérer au milieu du couvain un cadre de cire gaufrée.
Elle consiste à laisser les abeilles produire des cellules royales avant de prélever l’essaim. On prélèvera comme classiquement deux cadres, à la différence qu’on choisira un cadre sur lequel des cellules royales sont présentes parmi ces cadres. A l’inverse, on détruira les cellules royales restante dans la ruche sur laquelle on a prélevé les cadres. Le gros avantage est que l’essaim sera plus rapidement productif, puisque la reine naitra plus vite. En revanche l’inconvénient principal est qu’il faut être très attentif, ne pas laisser les reines naitre dans la ruche, et intervenir vite. Cela nécessite des visites très régulières, et donc n’est possible que si l’on a peu de ruchers à visiter.
Voilà la méthode la plus rapide que je connaisse. On prend des cadres pleins d’abeilles issus de la ruche mère, que l’on va distribuer dans plusieurs ruchettes. Ces cadres devront comporter couvain operculé et surtout oeufs de moins de trois jours, pour assurer un élevage de reine. On fait une marque similaire sur nos ruches et ruchettes, afin de savoir d’où sont issus les essaims. On ne cherche pas la reine. On déplace simplement nos essaims produits à plus de 3 km. 48h plus tard, on vérifiera quelle colonie a de la ponte, on saura alors où est la reine. Si on doit introduire des reines, on pourra le faire à cette occasion.
Avec cette méthode, on ne cherche pas la reine, ce qui est un gain de temps non négligeable. On prélève deux cadres de couvain comme avec les méthodes précédentes, mais on ne prélève pas d’abeilles. Rappelez vous qu’il vous faudra soit du jeune couvain, soit des cellules royales. Ces cadres seront placés sans abeilles dans un corps de ruche sans plancher. On placera sur la ruche dans laquelle on a prélevé une grille à reines. Sur cette grille à reine, on placera le corps dans lequel on a mit nos cadres afin de constituer l’essaim, de manière à ce que les deux corps communiquent. On referme ensuite notre « double ruche », et on la laisse ainsi jusqu’au lendemain.
La nuit, les abeilles vont naturellement venir réchauffer le couvain dans notre seconde ruche, la grille à reine empêchant la reine de monter dans ce corps. Le lendemain, on récupère notre ruche peuplée, on lui ajoute un plancher et un toit, et notre essaim est constitué.
L’inconvénient de cette méthode est qu’elle nécessite deux passage sur le rucher, en revanche le gain de temps à la constitution des essaims est conséquent. Si vos ruchers ne sont pas trop éloignés elle est très intéressante.
Les essaims produits doivent être séparés de la ruche mère, sans quoi les abeilles reviendront vers cette dernière. Deux méthodes existent. La première est de placer ces nouveaux essaims dans un rucher éloigné de plus trois kilomètres du rucher d’où il provient. En effet les abeilles savent se repérer et retrouver leur ruche d’origine sur ce rayon. En les éloignant à cette distance, elles seront perdues et adopteront le nouvel emplacement.
La seconde méthode est de le mettre en cave, dans un lieu frais, ruche fermée, durant 48 heures. On dit qu’on « formate » la ruche. Après 48 heures enfermées, on peut replacer la ruche dans le rucher d’origine.
Attention à la dérive, dans tous les cas. Placer une ruche orpheline à côté de ruches avec reine peu favoriser la dérive des premières vers les secondes. Elles sont attirées par les phéromones des reines. On veillera donc à les mettre à distance, voir mieux, à avoir un rucher dédié à la fécondation.
Autant que possible parait une bonne réponse. Vous ne connaissez pas par avance vos pertes hivernales, et mieux vaut avoir trop de cheptel, quitte à éliminer les non valeurs par la suite, ou vendre des essaims qui seront de trop.
Vous pourrez facilement produire un essaim par ruche, sachant que toutes les fécondations ne seront pas réalisées correctement. Vous pouvez espérer en obtenir la moitié de bonnes, donc reproduire 50% de votre cheptel.
En ayant recours au nourrissement des essaims régulièrement, et en réduisant à deux le nombre de cadres de couvain de vos essaims, vous pourrez en produire beaucoup plus, reste à voir la qualité de vos essaims. Certains apiculteurs arrivent à produire quatre à six essaims avec une ruche.