Fevrier 2016
Depuis mes débuts en apiculture, j’utilise des cadres gaufrés. En Dadant, c’est la règle pour la majorité des apiculteurs. Par habitude, parce que j’ai appris comme ça, parce que « tous les pros » font comme ça… Bref, sans doute par convention et par croyance plus que par raison. Mais la cire me pose plusieurs problèmes depuis quelques temps… Et j’aimerais bien m’en passer…
En premier lieu, la cire coûte cher, très cher. Il y a quelques années, on en trouvait à 8€ le kilo. Aujourd’hui, il faudra compter presque 20€ en conventionnel, et bien plus encore en bio… Si on estime les besoins à 1 kg par ruche, voilà un poste très lourd dans les charges de l’exploitation. Et lorsque l’on connaît les besoins de l’apiculture moderne en cires, cela ne risque pas de s’améliorer dans les années à venir. La cire contient des produits non désirés. Lorsqu’on analyse la cire d’abeille, on y trouve des molécules en grand nombre. Celles que l’apiculteur a déposé en faisant certains traitements (Amitraze…), ceux présents dans l’environnement (pesticides divers…). Toutes ces molécules s’accumulent dans la cire, un corps gras qui garde intactes ces molécules. Même les cires biologique, souvent d’importation, ont besoin de dérogations pour être utilisées en apiculture biologique. La cire gaufrée contraint la ponte de la reine. En effet, les cellules sont moulées pour recevoir des ouvrières. Cela modifie artificiellement le fonctionnement de la colonie. On le voit facilement en laissant un cadre sans cire gaufrée : il sera construit uniquement en cellules mâles. L’autonomie sur l’exploitation. Enfin, comme nous produisons en France moins de cire que nous en consommons, en conventionnel, mais encore plus en bio, il va être essentiel de s’en passer si nous souhaitons maîtriser nos charges et l’état sanitaire des cires consommées (aujourd’hui en bio elles sont importées). Dans cette logique, je préfère en produire que d’en consommer.
Les solutions sont multiples, mais peu d’entre elles correspondent avec une pratique professionnelle, qui suppose un minimum de fiabilité et de résultats. Passer en ruche Warré et/ou Kenyane (TBH) sans cadres ? Problème pour moi, gérer l’essaimage artificiel avec ce type de ruches sans cadres ne me semble pas adapté à mon apiculture. Je veux pouvoir prélever rapidement du couvain, visiter rapidement si besoin, donc ces ruches ne me conviennent pas. Un cadre avec une simple amorce ? J’ai testé cette solution, avec des résultats très peu concluants. Constructions entre les cadres, cire cassée durant les visites… Même avec le filage des cadres, le fonctionnement ne m’a pas convaincu car j’ai perdu beaucoup de temps avec cette méthode. Passer en petits cadres ? Le passage en Dadant divisible me trotte dans la tête depuis un moment maintenant. Je ne construit plus de corps, mais uniquement des hausses, pour passer en divisible progressivement. Avec des cadres de hausse, le soucis ne se pose pas, elles construisent très bien avec une simple amorce. Une raison de plus donc pour passer en Dadant divisible. Mais je suis aujourd’hui en grands cadres, et les acheteurs d’essaims sont eux aussi bien souvent en grands cadres… Il me faut donc une solution pour faire construire mes grands cadres aux abeilles. Le meilleur compromis que j’ai trouvé, après pas mal de recherches, c’est le cadre à jambage. Ce système consiste à séparer le cadre en deux parties afin de limiter la fragilité des cires. On installe simplement une baguette en diagonale du cadre pour le renforcer.
En premier lieu, faire travailler les ouvrières cirières limite le phénomène d’essaimage, ce qui est un bonus non négligeable. Les autres bons côtés de cette méthode c’est de s’éviter une corvée de filage des cadres. Je ne filerais cette année que les cadres de hausse destinées à la récolte du miel, en laissant simplement une amorce de cire. A terme, je troquerai peut-être mon extracteur contre un extrudeur à cire, qui donne un miel pressé au goût intéressant et qui évite la corvée de filage, puisque le cadre ne passe plus par l’extracteur…